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Le Nouveau Centre Orne
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9 avril 2008

Libertés indivuelles ou droits collectifs ?

Dans le Courrier International n° 908 figurait un dossier très intéressant intitulé « interdit d’interdire ». Loin d’être un sujet sur le quarantième anniversaire de la fièvre libertaire de mai 68 ou du « power flower », ce sujet suscite plutôt une réflexion sur le rôle de l’Etat (de quelque pays qu’il soit) face aux comportements individuels qui seraient considérés comme « à risque ».

Ce billet ne vise pas à donner une position (il faudrait pour cela une morale sans faille et une règlementation draconienne), non il vous invite à réfléchir sur l’extension et les limites à donner aux pouvoirs publics face aux problèmes dérivés de comportements individuels.

Aussi, je vous livre pêle-mêle quelques morceaux choisis parmi les articles de la presse internationale pour guider votre réflexion.

« L’une des frustrations que rencontrent les responsables politiques, c’est que la plupart des problèmes dérivés de comportements individuels ne peuvent être réglés par la loi. Seuls des textes draconiens pourraient avoir des effets perceptibles sur des phénomènes comme l’obésité, les comportement anti-sociaux ou l’abus d’alcool » New Stateman Londres. On le voit cette préoccupation britannique se retrouve partout en Europe, et de conclure « Aujourd’hui, le gouvernement et l’opposition sont pris entre le marteau du paternalisme et l’enclume du libéralisme ». 

Cette première approche nous conduit à mesurer le difficile étiage entre intervention de l’Etat, moyens occasionnés et préservation des libertés individuelles. Où commence l’un, où finit l’autre ?

Un dilemme aisément facilité par le concept freudien selon lequel « l’homme civilisé a fait l’échange d’une part de bonheur contre une part de sécurité. Aujourd’hui, l’une des menaces les plus sérieuses qui pèsent sur la liberté provient de la liberté elle-même, c’est à dire de la réduction de la marge d’autonomie individuelle face, paradoxalement, à la prolifération des droits des individus : la société occidentale est devenue désormais un ensemble de minorités qui sont opprimées à tour de rôle par des majorités toujours nouvelles ». Ce concept a été repris par le quotidien italien Il Froglio sous le titre «  Gare à ces droits qui tuent la liberté ».

Passée cette présentation généraliste, la question de l’intervention de fumer dans les lieux publics soulève une question autrement plus large et importante que le tabagisme passif et ses conséquences sur la santé d’autrui, mais la question de la considération des minorités face aux majorités (quel que soit l’objet de cette dualité).

Ce qui amène DIE WELT de Berlin à présenter le sanitairement correct sous l’angle suivant : « l’idéologie dominante se targue volontiers d’être démocratique, mais n’a aucun problème a sacrifier au fanatisme de la majorité l’un des acquis les plus nobles de la démocratie, à savoir la protection des droits des minorités. L’esprit du temps exige des personnes qu’elles confient à l’Etat leurs besoins en matière de sécurité et de protection, mais semble aussi accepter parfaitement que celui-ci protège ceux qui n’en ont pas besoin et reprenne, comme par un retour au féodalisme, les droits et les libertés que les citoyens avaient péniblement conquis au XIXe siècle ».

D’ajouter « on accuse à juste titre l’Allemagne de faire passer la sécurité avant la liberté ». « Cette interdiction s’inscrit dans un mouvement de recul de la culture et de la civilisation de la part de dirigeants politiques et économiques qui ne craignent rien tant que des hommes et des femmes pouvant s’adonner à un hédonisme contemplatif autant qu’à une réflexion individuelle ». Les lois sur la cigarette faisant conclure l’auteur par ces mots « une idolâtrie de la science et d’une intolérance insupportable et de l’arrogance d’un pouvoir qui, en balayant toutes les objections des gens de lettres, ne le cède en rien au féodalisme ».

On le voit, ici où là, l’interventionnisme contre les comportements individuels qui nuisent aujourd’hui à autrui ou qui ne sont plus acceptés sont à l’origine de réactions controversées.

Une fois encore où est la bonne mesure entre permissivité et interdiction, entre protection de soi et liberté individuelle, la réponse est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait et il n’est pas sûr que dans les volutes on y voit plus clair !

Mais allons plus loin encore sur ce ressenti sociétal. En Russie, Expert de Moscou affirme « on observe au sujet des fumeurs une exception aux règles fondamentales de la démocratie et du politiquement correct. Nulle part au monde il n’est pensable d’accuser les représentants d’une minorité d’appartenir à cette minorité. Avec les fumeurs, c’est possible, et c’est même un devoir. Le pire des criminels a des droits ; le fumeur n’en a aucun ». Voilà qui mérite d’être médité et plus encore analysé ! N’en fait-on pas trop dans la défense de la santé personnelle devenue publique ?

Et le sujet s’étoffe avec les questions de "criminalisation" des clients de prostituées comme en Suède. L’obésité, l’alcool, la drogue…

Que faut-il avoir présent à l’esprit pour nourrir une réflexion évolutive de la société, une morale nouvelle dans un contexte de civilisation exigeant ? Liberté individuelle et droits collectifs. Mise en danger de soi-même et prise en charge par la société. Morale et liberté. Individualisme et société. Dans ce débat que chaque citoyen actif doit mener le plus objectivement, le plus lucidement possible, les dualités sont la difficulté. Pencher vers plus de liberté ou plus de droits font autant de mécontents, autant de pétitionnaires.

Faut-il s’en remettre aux gouvernements, aux parlementaires, aux partis politiques, aux associations, aux collectifs, que sais-je encore… Puisque nous sommes sur un site politique, je dirais que les partis politiques sont là pour éclairer les débats, pour accompagner les gouvernements, l’opposition, ceux qui prennent les décisions engageant la société au nom de l’ensemble. Penser ensemble, réfléchir à l’harmonie d’une nation sans position tranchée qui ne ferait pas la place belle à la tolérance et l’écoute telle est la vraie démocratie, tel est le rôle d’un parti ouvert et démocrate.

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