Les évènements de mai 68 à Alençon
Ouest France propose dans son numéro du 26 mai une rétrospective des évènements de mai 68 tels qu'ils se sont déroulés dans l'Orne, notamment à Alençon.
Mais avant de vous livrer cette chronologie revenons rapidement sur ce que fut mai 68. Pour ce faire appuyons-nous sur un article paru dans El Pais repris par Le Courrier International
Tout d'abord, et contrairement à une opinion communément répandue, cette époque et les vives réactions qui l'accompagnent fut internationale:"les révoltes étudiantes à Berkeley et à Berlin, la révolte des ouvriers polonais, celles des tchèques, brutalement écrasée par les troupes du pacte de Varsovie, la révolte des classes populaires mexicaines, réprimées dans le sang sur la place des Trois-Cultures de Mexico, la révolte ouvrière et étudiante en Italie ou encore celle des jeunes de Tokyo et de Séoul. Profondément différents, tous ces mouvements avaient toutefois un point commun: la lutte contre les carcans autoritaires, politiques mais aussi culturels et moraux qui oppressaient ces pays. Il s'agissait de mouvements de rupture avec des systèmes de croyances et de coutumes obsolètes qui empêchaient l'éclosion de la nouvelle modernité. D'où leur caractère libertaire, contre les façon de faire des establishments.
C'est cette année là que sont jetées les bases de notre société actuelle de l'individualisme et de l'autonomie du sujet. La transition libérale était en marche. Elle a ensuite,fait son petit bonhomme de chemin, marquée par des orientations très éloignées des esprits divers qui animaient 1968. Car ce n'était pas un projet politique, c'était une protestation. Mais une protestation qui a rompu les amarres de la culture, de la morale et des habitudes des générations précédentes, condition indispensable à l'appareillage du navire de la nouvelle modernité."
Voici maintenant la chronologie des événements de Mai 68 à Alençon, proposée par Ouest France :
3500 grévistes à Alençon le 21 mai 1968.
En Mai 68, la ville a connu des mouvements de grève sans précédents. Retour sur un mois agité.
Le 6 mai. 140 ouvriers (sur 400) des usines Carrier défilent en ville. Ils demandent une hausse de 10 centimes du tarif horaire. Ils décident d'un arrêt de travail d'une demi heure ou d'une heure tous les jours.
Le 7 mai. La veille, les ouvriers de Carrier ont une nouvelle fois défilé en ville.
Le
9 mai. Ouest-France titre « Vaine tentative de conciliation aux usines
Carrier. » Les grévistes bloquent « avec des véhicules les portes de
l'atelier ». L'activité de l'usine est stoppée dans l'après-midi. Échec
de la conciliation à l'Inspection du travail entre la direction et les
représentants du personnel.
Le 13 mai. 60 % de grévistes dans
l'Éducation nationale à Alençon. « Les coupures de courant de l'EDF ont
contraint de nouveaux ouvriers à l'inaction. C'est ainsi que Moulinex a
fermé toute la journée. » Chez Singer, les 250 ouvriers ont chômé
l'après-midi. À l'Imprimerie alençonnaise, environ 60 % du personnel a
spontanément cessé le travail l'après-midi. « Des centaines de
manifestants » place du Bas de Montsort à l'appel de la CGT, la CFDT et
la FEN. Le porte-parole de la Fen lance un appel « à la défense de la
liberté ».
Le 17 mai. Grève de 150 élèves au lycée Alain. « À 14 h, les potaches ont refusé de gagner leurs salles de cours, » lit-on dans Ouest-France.
Le 21 mai. La
grève s'étend. Moulinex, et ses 2 450 ouvriers, ferme. L'usine Carrier
est complètement paralysée par ses 473 salariés. Les 250 ouvriers de
Singer se mettent aussi en grève, de même que les 300 des
établissements Prout, et ceux de la Sécu. 80 % de grévistes chez EDF.
Affolement
à la Caisse d'Épargne où les clients se sont précipités pour retirer
leurs économies. « À 10 h, le coffre était vide. »
Le 24 mai. 120 fonctionnaires (sur 350) de la ville se mettent en grève à leur tour.
Le 27 mai. Publication dans Ouest-France
de la « liste des stations services réservées aux prioritaires » :
services de secours et transporteurs de denrées alimentaires. 2 500
personnes manifestent en ville. Moulinex ferme devant la menace de
coupures de courant. Grève à l'imprimerie Corbière et Jugain, à
l'Imprimerie alençonnaise et chez Caucé.
Le 28 mai. Le conseil municipal vote une subvention aux grévistes.
Le 29 mai. Vote d'une grève de 48 heures à la préfecture.
Le 30 mai. Annonce
de la fermeture de la piscine le 4 juin faute de produits stérilisants.
Le conseil municipal vote une subvention de 50 000 F pour les familles
dans le besoin.
Le 4 juin. Reprise du travail à la cité
administrative, à la préfecture, chez Moulinex. Au total, 3 500
personnes reprennent le travail. Mais grève tournante à l'hôpital
psychiatrique. L'Association familiale de Courteille met en vente 8
tonnes de pommes de terre. « Le carburant est revenu à la pompe » titre Ouest-France.
Le 5 juin. Les 300 ouvriers de Prout reprennent le travail.
Le
7 juin. Les salariés de l'imprimerie Corbière et Jugain restent en
grève. Ils demandent l'alignement de leurs salaires sur ceux de
l'Imprimerie alençonnaise. Des reports d'examens sont annoncés. Reprise
des cours dans les écoles et les collèges.
Le 11 juin. Reprise du travail à l'hôpital psychiatrique.
Le 12 juin. Reprise des cours dans les lycées.
Le 15 juin. Reprise du travail à l'imprimerie Corbière et Jugain.
Le
25 juin. Louis Terrenoire est réélu député de la circonscription
Alençon-Domfront dès le premier tour des élections législatives.