La réunification de la Normandie
Le rapport qui relance la fusion des Normandie
Symbole
du rapprochement des deux régions, le pont de Normandie a été construit
par le monde économique havrais. Les politiques des deux régions, eux,
étaient au frein. : Archives « Ouest-France »
Sa publication est retardée depuis des mois. Les grandes lignes de l'audit sur l'évaluation des effets d'une réunification des deux régions.
Capitale. C'est le point principal de blocage. L'étude évoque trois pistes. La première consiste à choisir entre Caen et Rouen. Elle est dramatique en terme d'emplois pour la ville mise de côté : entre 2 500 et 3 200 si les différents services de l'État calquent leur organisation sur celle de la région unifiée. La deuxième envisage une capitale et une antenne par département. Là aussi, perte d'emplois pour la ville qui perd son statut de capitale régionale. Troisième hypothèse nettement moins douloureuse : un partage équitable entre Caen et Rouen avec un seul directeur général. Pas de perte d'emplois et des économies immobilières.
Fiscalité. Le
coût de la fusion est estimé entre 7 et 15 millions d'euros selon
l'option choisie. Elle permettrait d'économiser, après amortissement de
la fusion, entre 2,7 et 4 millions d'euros par an en fonctionnement.
Concernant les taxes (Taxe professionnelle, foncier bâti et foncier non
bâti) il convient de les aligner. L'impact serait négatif pour les
Hauts -Normands dont les taux vont augmenter pour trouver un juste
équilibre avec ceux de Basse-Normandie plus élevés.
Emplois.
Des économies d'effectifs de fonctionnaires sont annoncées, notamment
dans l'encadrement. Elle devrait concerner, au maximum et selon
l'option choisie pour la capitale, 10 % de l'effectif. En revanche, le
dynamisme économique attendu pourrait générer la création de 300 à 420
emplois chaque année. Si la fusion avait été réalisée en 1990, l'audit
estime que le taux de croissance de la Normandie unifiée serait
aujourd'hui de 1,8 % au lieu du 1,3 % actuel.
Changement d'échelle. La
création d'une entité de taille comparable aux régions européennes
permettrait à la Normandie de renforcer sa visibilité sur le plan
international et d'offrir une meilleure résistance face à la force
d'attraction de l'Île de France. Les complémentarités de certains
secteurs permettraient de constituer un tissu économique plus équilibré
et donc moins fragile face aux mutations.
Politiques régionales. Les
effets de la fusion sont davantage positifs ou neutres que négatifs.
Les politiques des transports et de la qualité de vie semblent être
celles qui bénéficieraient le plus des retombées positives.
Éloignement. Le
changement d'échelle géographique peut voir certains services
administratifs s'éloigner de leurs bassins de vie. Risque de perte de
proximité des citoyens avec l'action régionale et les élus. L'audit met
aussi en avant la possible marginalisation de certains territoires
éloignés du triangle Caen-Rouen-Le Havre. Une logique de concentration
autour de ces trois villes pourrait menacer la vitalité des pôles
urbains secondaires, notamment en Basse-Normandie moins urbanisée que
sa voisine.
Ports. Dans le cadre de la
négociation du CPER (Contrat de projets État-Région), une grande région
aurait plus de poids face à l'État pour porter ses positions sur les
grands projets tels que l'aménagement de Port 2 000 ou le développement
de la vallée de la Seine.
J.-P. B.